Cher père-noël,

Cette fois j’ai été sage mais pas toute l’année, oui j’ai fait quelques ravages dans la routine des gens. J’ai bousculé leurs habitudes alimentaires (un club de peace mémé est né, véritable challenge en Bretagne), relooké les gardes robes des copines qui ne s’habillent qu’en noir dès le 1 er septembre jusqu’au 31 mars. J’ai aussi dépoussiéré les home sweet home des bibelots qui ne servent à rien, si ce n’est qu’à rendre expert en ménage ou à amuser les chats. J’ai invité les copines à remuer leur corps (ouais un globule minuscule voulait les scotcher devant la télé toute la journée sur le canapé) alors que la marche rapide musique à donf dans les oreilles c’est gratifiant pour le capital estime de soi et le smile sur le visage. Bien sûr il y a eu quelques rafraîchissements capillaires et surtout j’ai ourdi un tollé contre les complexes face aux bimbos des magazines qui font baver la gent masculine. (ouais ceux qui badent ou bandent devant ce qu’ils pourraient avoir, qu’ils soient bien heureux d’avoir quelque chose). J’ai aussi mis la zone au club des seniors le dimanche après-midi, inspirée par les Coquettes, j’ai prôné l’écriture qui ne mâche pas les mots (oui avec les dentiers c’est parfois compliqué). Mais l’écriture est un super pouvoir à tous âges, alors on s’est lâché, puis Dédé au piano, nous a fait quelques gammes pour accompagner nos couplets et refrains. Les bouches les mieux équipées ont donné du coffre, les autres ont fait les chœurs en fredonnant. Du coup, Jeannot a ressorti son accordéon, les gambettes se sont dérouillées. Le tango, la cha cha et le fox trot ça revient. C’est comme le vélo. Comme ce n’était pas suffisant on a instauré le jeu de celui qui ferait la plus grosse bêtise. Avec Raymond et Guéguette comme mentors, de belles trouvailles sont survenues. Imagine, Bébert a fait un élevage de fourmis sous le matelas d’Honorine, pour ne pas qu’elle soit seule la nuit. Bilan, on a bien ri, mais fff c’est épuisant de faire rire tous ces gens et de les conduire sur l’arc en ciel de la vie.

Ya un type qui a dit « Demandez et il vous sera accordé », hé bien moi, j’ai besoin d’être aussi un peu chouchoutée, bichonnée et cocoonée. Alors comme c’est ton métier d’offrir les cadeaux, que ta spécialité c’est d’exaucer tous les vœux, je t’envoie ma liste par email. Enfin pour m’assurer de la réception de mes demandes je double avec un texto sur What’s App. Bon le chippendale au petit cul bien rebondi on oubli, il ne sait visiblement pas lire un GPS, vu que ça fait au moins cinq ans que je te demande de lui en fournir un, le plus simple possible (oui s’il a déployé tout son pep’s pour les tablettes de chocolat, il a moins d’énergie pour renforcer ses neurones) avec mon adresse. Comme je ne vois rien venir, que l’herbe qui verdoie et la poussière qui poudroie, sans oublier les goélands qui merdoient, ce n’est pas la bonne solution pour avoir de quoi me réchauffer l’hiver au fond de mon lit. D’ailleurs tu m’as apporté, des plaids depuis cinq ans, je pense que le message est clair. Un mec à noël n’est pas une option. En revanche, je veux bien des bonnets doublés, pas une chapka à la Marleau, hein. Des gants fourrés seraient aussi les bienvenus. Sans abuser de ta générosité, des guêtres moelleuses me conviendraient, car si tu l’as oublié, je suis une fille et je porte des jupes et des robes au-dessus du genou. (oui sinon à quoi cela ça sert d’être une fille ?). Du joli papier à lettres fleuri et des stylos plumes de marque ONLINE avec de l’encre violette, c’est plus romantique. J’aimerais aussi un billet pour un concert de Thomas Bergersen ou le groupe des Pentatonix, Lindsay Stirling ça peut le faire aussi. Ne t’avise pas de me mettre au dernier rang, du fond de la salle. Une place VIP hein. Pour la petite folie, le grain de fantaisie, un groupe de copains-copines ( genre Les Petits Mouchoirs) pour les cours de country et toute la gamme des danses latines, avec bien sûr un super prof. Apprendre à faire du kite-surf, et réaliser deux trois fantasmes bien cachés, tout sauf une carte cadeau, tu sais bien qu’il faut tâter la marchandise avant d’acheter. Pour les trucs « Chut ! ça ne se dit pas », si tu croises la Fée Capillaire, qu’elle te file la recette de la potion pour épaissir les cheveux. Tu connais sûrement le Grand Sage du Juste Milieu, alors je veux bien renoncer aux bonnets pour lui offrir deux sonotones car depuis des années nous sommes plusieurs à lui demander sa compassion pour les hommes qui triment entre leur carrière, les gosses, voire les ados en crise et la baraque à gérer, sans oublier leur prostate et leurs tablettes de chocolat devenues mousse au chocolat, qu’ils s’évertuent à rendre plus ferme à la salle de sports. C’est sûr les récréations de cinq à sept ce n’est plus de leur âge. Que la Fée Beauté leur apporte des crèmes anti-rides, au prix que ça coûte on ne peut plus partager nos pots. C’est la crise. Les femmes ont en eu marre d’être derrière les grands hommes (c’est parce que, on leur interdit leurs 16 cm de talon car être surnommé « Nain de jardin » c’est péjoratif), donc elles assument de mener le monde. C’est un boulot à plein temps. D’autant qu’elles sont payées une misère. L’intelligence collective et plus particulièrement l’intelligence émotionnelle c’est une affaire de femmes. Cela nécessite du doigté, de la subtilité et une profonde intuition contrairement à la force herculéenne ou au pouvoir manichéen qui ont sévi ces dernières décennies.

Ma liste regroupe l’essentiel, cependant tu as du choix. Je sais que tu n’es pas radin, néanmoins je te rappelle qu’il y a Black Friday bientôt. Le professionnel du cadeau c’est toi Père-Noël alors ne me déçoit pas. Si tu as un peu de place dans ta hotte, j’ajouterais une petite bagatelle, une semaine de stage (intensif et gustatif) de pâtisserie avec Amaury Guichon et Cyril Lignac réunis.

Je ne suis pas superficielle (charité bien ordonnée comme par soi), car pour la paix dans le monde, le réchauffement climatique, le vortex de déchets du Pacifique Nord, les enfants au travail pour gagner deux francs six sous (qui s’imaginent gagner au loto), l’individualisme qui terrasse le partage du cœur, tu n’aurais pas assez de place dans ton traîneau. Ces vœux-là sont l’affaire des hommes, pas la tienne Père-Noël. En revanche, en ce qui concerne la conscience collective tu pourrais en saupoudrer en parcourant la planète et même dans le cosmos.

Enfin, j’ai gardé le meilleur de mes souhaits pour la fin, si tu pouvais aider une certaine Marguerite à dégommer, dessouder, flinguer, buter, éradiquer les cons ce serait un vrai plus. Je me ferais un plaisir de relater ses aventures pour sauver l’humanité de ce mal : la connerie.

Bon courage pour ta tournée, mais en attendant je t’envoie, ainsi qu’à ton équipe de lutins de Laponie, tout mon soutien pour les préparatifs.

Au plaisir de ton passage le 25 décembre.

Please follow and like us: