Mireille la « bzzélite ».
Il était une fois, une abeille connue de tous, pour être la meilleure butineuse de pollen. Mireille connaissait les meilleurs coins pour dénicher des fleurs garnies du nectar bien jaune et gourmand. Un trésor qui deviendrait un miel onctueux, ambré et délicieux. Forte comme un bourdon et surtout très courageuse, elle était le leader d’une patrouille de « bzzélites » qui veillait sur l’espace où tous les insectes venaient soit se nourrir, soit récolter du pollen. Or ce matin, lors de son premier vol de la journée, alors que le soleil commençait à se réveiller, un bruit étrange l’intrigua tandis qu’elle inspectait son niaouli préféré aux fleurs très parfumées. Elle s’approcha et observa à travers le feuillage de l’arbre. Elle découvrit avec horreur que les géants jaunes avaient dévoré encore plus d’arbres, de buissons et fleurs des champs qu’hier. Là où était la réserve de pollen, ne restait plus que de la terre nue, balayée par des nuages de poussière.
Mireille repartit avertir la ruche lorsqu’elle remarqua près des ajoncs un attroupement.
Libellules, sauterelles, coccinelles, pucerons, papillons étaient agglutinés autour d’Henri le criquet. Il était étendu sur la terre sous une feuille d’herbe grasse. Joséphine la cigale, tentait de lui faire avaler un mélange de feuilles d’acacia, de graines et de pollen malaxé dans de la glu d’aloe vera. Pas un « bbzzz »ne venait troubler le silence. Chacun se retenait de faire vibrer ses ailes. Après quelques hoquets, Henri revint parmi le monde des insectes.
—Qu’est qui m’est arrivé ?
—Sur quelles feuilles es-tu allé traîner ?
—Bah derrière la Colline aux Sept Moulins.
—Nom d’un frelon, tu sais bien que toute la nourriture est vaporisée du mélange qui pue pour des épis de maïs plus gros. Ça nous rend malades. C’est une zone interdite pour nous.
—Ne t’énerve pas Mireille. J’avais très faim et depuis que le mangeur d’arbres et ces créatures gigantesques jaunes et bruyantes ont fait tomber les niaoulis, les acacias et les eucalyptus notre libre service de pollen et de feuilles se résume aux minuscules jardins de fleurs qui peinent à survivre dans le béton des villes.
Tous savaient que le Chef, de la ville voisine s’était acoquiné avec un gredin du bâtiment. Il voulait construire de belles résidences en béton pour les gens des villes qui rêvaient d’un retour à la campagne et surtout permettre à un centre commercial mammouthesque de s’installer. Un murmure parcourut l’assemblée des insectes. La « bzzzrévolte » vibrait, grondait . Décision fut prise de réunir le Conseil ruchicipal. Evinrude, coursier libellule plus rapide que l’éclair fut chargé de prévenir tous les conseillers ruchicipaux des ruches environnantes.
Après le conciliabule les meilleures guerrières furent réquisitionnées afin d’organiser une expédition punitive. Elles partirent cinq cents… Pas la moitié ne revint, et ce n’étaient que visages aux facettes effarées, antennes tremblantes, zézeillements désespérés. En effet une forte pluie trempa leurs ailes et ne leur permit pas de réussir ce premier assaut. Mireille pleurait en voyant ses courageuses amies bzzélite éclabousser de leurs entrailles les manteaux jaunes des ennemis en voulant les darder. Elle sentit le danger. Elle encourageait les survivantes qui s’étaient abritées dans le creux d’un acacia. Son dard la faisait souffrir mais elle ne montra rien.
La panique enfla, plusieurs essaims pleins d’espoir prièrent pour apaiser ces dieux insectivores et végétariens… En vain, les titans jaunes demeuraient imperturbables, impitoyables. Jusqu’à ce que la fin soit inévitable.
C’était un jeudi après-midi. L’un des monstres d’acier venait de déraciner les derniers arbres. La Reine des abeilles mortellement blessée, laissait la ruche sans leader ce qui avait semé la zizanie : tous fuyaient, oubliant de sauver les larves de princesses qui auraient permis de rebâtir ailleurs. Alors Mireille, comme les autres, ne voulut pas plier bagage… Non ! Mireille ne voulait pas abandonner. S’il ne devait en rester qu’une, ce serait elle. La butineuse se rua sur l’engin, et piqua, piqua, piqua, de tous les côtés, de toutes ses forces, mais chaque fois son dard ricochait sur la carapace des monstres métalliques.
Le crépuscule approchait, des dizaines de bleus parsemaient les rayures jaunes et noires de la « bzzélite », et elle commençait à faiblir, tandis que la carcasse intacte des gargantuesques ennemis reflétaient les lueurs mordorées de la tombée du jour. Mireille se mit à entendre des voix dans sa tête, d’abord des « arrête » et des « c’est inutile ».
Lorsque le soleil revêtait sa parure rouge, elle tourna ses antennes fatiguées vers le sommet de la colline, sa montagne chérie où les moulins de pierre assistaient impuissants, à l’invasion puis la destruction de leur garde manger naturel. Mireille était trop émue pour pleurer et, avant de voir tomber les ruches installées dans les acacias et niaoulis, elle se sentit prise d’un élan nouveau, une légèreté. En effet Evinrude arrivait à la rescousse avec des colonies de frelons, des escadrilles de sauterelles et criquets, une escouade de moustiques, et même une division des meilleures attaquantes des guêpes noires et jaunes. Leur cible était de faire reculer l’ennemi qui massacrait arbres, buissons, fleurs. Mireille, à la tête de cette armée volante, lança l’attaque. Tous sortirent fièrement leurs dards avant de passer à l’assaut. Ils étaient si nombreux, qu’ils aveuglèrent les humains aux commandes du bulldozer, et des camions. Ça piquait, ça dardait , ça criait, ça claquait de ci de là. Certains pleurèrent tant les piqûres de guêpes et de moustiques les faisaient souffrir.
Les insectes avaient gagné la bataille. Mireille, épuisée mais heureuse fut accueillie en triomphe de retour parmi les abeilles qui étaient à l’ouvrage pour construire une nouvelle ruche. Elle avait gagné un nouveau titre « bzzénéral ».
Bonjour Mijo !
Quel plaisir de revenir te lire ! J’aime tout dans ton texte, l’humour, les prénoms, le sujet choisi ! J’ai passé d’atroces semaines à être suroccupée, et j’ai pris du retard dans mes lectures de blog. Qu’à cela ne tienne, heureuse d’être passée par ici ! J’espère que tu vas bien, et que tes projets avancent comme tu le souhaites. belle journée à toi, Sabrina.
Hello Sabrina, moi aussi j’ai pris du retard ouh la la …va me falloir deux jours de lecture des blogs 🙂 En tout cas merci de ta venue. Les projets avancent, plusieurs concours, mais surtout une pièce de théâtre sur le grill et un roman ( court le roman hein pas une saga 🙂
A bientôt de te lire