Tatouraté, Simpléniperien à vos marques…Shakez !

Temps de lecture : 4 minutes

Tatouraté, la fille unique de l’alchimiste Ormeau, aux quatre alambics d’or était la risée de tous, tant elle était incapable de faire un bon dosage des potions de guérison ou des philtres d’amour. Il en était de même pour les sorts permettant de changer d’apparence, pire elle ne savait pas fouetter en mousse légère la colle à réparer les cœurs. Pourtant, elle s’entraînait à manier les herbes médicinales, mais il y avait toujours un cheveu dans le bouillon de culture.

Pour l’heure tous les habitants de Joycity étaient  en effervescence pour la fête des fraises, et convoitaient le prestigieux « Fraizdor ». Cependant  ce qui animait toutes les conversations, était le binôme Tatouraté et Simpléniperien, le nain au gros nez, qui avait un tic de langage. Il disait sans cesse« Je n’y peux rien ». Ensemble ils s’étaient inscrits au grand concours « Bien être », dont le thème cette année était « Cocktails on the rocks ».

– Comment osent –ils ces bouseux se mesurer à moi, Le Mojito, sacré douze fois consécutives ?

-Tu es bien prétentieux, grogne le Maï-Taï son fidèle acolyte. Miss Tequila te talonne de près.

-Billevesées, elle amadoue ses consommateurs avec son rituel sel et citron, pour mieux les enivrer. Moi avec mes feuilles de menthe, je protège leur estomac, et parfume leurs flatulences.

-Mé zamis, yo el Yuzusco, yé crois qué mon zeste de citrone, y oun ingrédient sicreto feront la différence dans le Daïquiri.

Chacun y allait d’un ingrédient mystère à ajouter pour tenter de tirer  les marrons du feu.

Non loin de là, nos deux loosers parfaitement lucides sur ce qui ce se disait réfléchissaient. Aussi Simpléniperien eut-il l’idée d’aller faire un tour dans la ville d’Ortolans pour éviter encore une fois de passer pour des truffes.

-Je dois absolument être originale et faire honneur à mon père. Soupira Tatouraté. Et je me méfie des graines mystères, comme ces semences uniques de cactus rouge énergétiques ( SUCRE) que j’avais glissées dans mes dernières potions pour embellir les cheveux, qui finalement ont causé des migraines infernales aux utilisateurs.

-Ouais, sur ce coup là, je t’ai sauvé la mise avec le pollen des trompettes de la mort pour inverser le sort.

-C’est clair, tu m’as évité que tout s’en aille en eau de boudin.

-Voilà pourquoi nous sommes ici.

Une vachette ameutait la foule en proposant des milk-shakes qu’elle faisait en mettant ses parties intimes dans des seaux de glace pilée. Beurk, grimacèrent nos deux larrons dépités à l’idée de faire chou blanc. Les équipiers chemin faisant passèrent devant la cabane en nougatine du druide Murmure du Vent Nocturne. Audacieux, ils toquèrent et lui exposèrent leur problème. Après avoir consulté : « Le Manuel du Grandir et du Mûrir », le sage énonça:

-Avant de vouloir qu’une souris puisse couper la barbe du dragon, il lui faut avoir des crocs.

-Cette formule décontenança les deux amis.

-Hihi, ne soyez pas surpris, l’astuce surpasse la force brute! Pour une potion réussie rien ne vaut un cœur pur et une dose de courage. Trouvez l’entrée de la cité des Délices, cachée aux yeux du monde par une forêt de coquelicots carnivores. Mais avant, la vouivre, Cabuliwallah, vous donnera la phrase magique pour y entrer, dès lors que vous aurez répondu à son énigme, sinon vous ferez son quatre heures. Si vous réussissez, la Féemoifondre vous confiera le secret du cocktail qui chante.

Il frappa trois fois son cèpes de vigne au sol et les deux concurrents se retrouvèrent devant un palais de sucre glace orné de fraises si rutilantes, qu’elles ressemblaient à des rubis.

-Avancez, l’Oracle de mon miroir m’a annoncé votre venue. Ainsi vous souhaitez entrer dans la cité des Délices. Un rire guttural les figea sur place. Vous connaissez la sentence, vous répondez à l’énigme sinon couic, je me sustenterai de vous!

–Voici l’énigme: Plus grande je suis, moins on m’aperçoit. Je finis de déguster ce varan téméraire et je veux la réponse quand j’aurai fait mon rôt.

Tatouraté désespérait de trouver la solution, tout comme son compagnon d’infortune. La nuit s’avançait enveloppant de son manteau noir tout le palais qui doucement disparaissait. Soudain Tatouraté s’écria:

-L’obscurité! la réponse c’est l’obscurité.

Au même instant la vouivre rota à en faire trembler les murs de son palais.

-Vous me laissez comme deux ronds de frite, c’est la première fois qu’on la trouve celle-là.

Comme convenu la vouivre énonça le sésame de la cité des  Délices.

-Trésor mystique en son centre, lève le voile magique pour que j’entre.

En route pour la forêt des faux coquelicots carnivores, les vaillants compétiteurs pressèrent le pas. Tatouraté prononça la formule magique et les coquelicots s’inclinèrent, il suffisait de les enjamber.

-On la trouve comment la Féemoifondre? Rouspéta Simpléniperien.

Tatouraté avisa Crêpe dentelle au visage couvert de taches de rousseurs.

-Bonjour, sauriez-vous où habite la Féémoifondre ?

-Bien sûr elle est au thé dansant chez Charlotte aux fraises. Pain d’épices, bronzé à souhait est de retour d’un long voyage au four et a repris le piano.

Le duo se laissa guider par les airs mielleux et sucrés. Tatouraté expliqua la raison de leur venue.

Ravie de donner un coup de pouce au binôme, la Féemoifondre  répondit:

-Avant le mixage, ajoutez cette poudre de racine de mandragore et de mélisse. Puis fredonnez cette ritournelle:

Pour faire une potion

Qui séduise tous les gens

Il faut fredonner sans contrefaçon

Un p’tit air tout bête

Qui trottera dans toutes  les têtes.

Après avoir remercié, les deux partenaires se dépêchèrent de rentrer. Dès le lendemain le concours commençait. Les deux concurrents agirent selon les directives de la Féemoifondre pour le cocktail qui chante.

Par magie les hommes se mirent à parler en alexandrins et les femmes s’exprimèrent en chantant. Ce fut la consécration dans une liesse unanime du jury. A eux le trophée Fraizdor n’en déplaise aux habitués.

Cerise sur le gâteau, la victoire valu à Tatouraté  de devenir Belle Ritournelle et Simpléniperien devint Mot qui chante.

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4 Comments

  • Bonsoir Marie-Josée,
    Une quête qui sort des sentiers battus, voilà qui est bien rafraîchissant 🙂
    Ton inventivité pour les différents noms force mon admiration, j’imagine que tu dois bien t’amuser quand tu les « baptises ». Le comique de situation est au rendez-vous, entre les potions ratées, la vache qui fait des milk-shake d’une manière peu ragoutante ou la vouivre qui dévore un varan comme amuse-bouche.
    Bravo et merci pour cette lecture bien divertissante !
    Belle soirée à toi, Valérie

    • Bonjour Valérie,
      Merci de ton appréciation et surtout d’avoir passé un chouette moment de lecture. C’est gratifiant et encourageant à poursuivre dans cette voie où se mêle humour, leçon de vie et autres sujets dont on aimerait qu’ils restent enfouis. Tu as toi même cette particularité que j’apprécie.

  • Coucou coucou !

    Je retrouve enfin un peu de temps devant moi pour revenir sur mon blog, écrire et surtout lire mes anciens camarades !
    Quel plaisir de tomber sur tes lignes et reconnaître ton inventivité ! C’est décalé, acidulé et tout fruité comme texte, voilà ce qui m’est venu directement après lecture ! Quelle était la consigne ? Toujours ESL ou autre ? En tout cas, ravie d’être revenue par chez toi ! Belle journée et inspiration à toi, Sabrina.

    • Hello Sabrina, consigne fantasy ELS!! Néanmoins je participe à quelques concours de nouvelles de ci de là. T’ai envoyé un message privé sur ton blog, suis pas certaine que tu l’aies reçu?
      Bizh

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